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Au commencement

Une personne chère à mon cœur raconte à qui veut l'entendre, qu'un homme politique, dont il m'a fait promettre de taire le nom pour lui éviter des désagréments, a prétendu un jour qu'en traversant la rue, il trouverait du travail. Je n'ai pu m'assurer de la véracité de ses propos, mais une idée, quelque temps logée dans mon esprit à l'état larvaire, a fini par s'imposer : et si nous vivions une époque où la faim était devenue une maladie qui ne se soigne que par le travail... ou plutôt, si nous voulons être précis, en traversant la rue ?

 

Traverser la rue serait donc devenu une nécessité, pour ne pas dire une obligation. Ici, on ne pullulerait pas dans la fantaisie. On traverserait la rue. C’est tout. Du « traversage » d’État. Pas plus, pas moins. Ce serait un virage que notre peuple aurait pris il y a plusieurs années, et ce peuple-là n'aurait aucunement l’intention de revenir en arrière. Ce ne serait pas dans ses projets, au peuple... et il serait fort probable qu’il n’en ait plus aucun. Ce peuple-là, il lui faudrait avancer. À bons coups de progrès on lui aurait dit d’avancer. Alors il avancerait.

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Dans ce monde-là, des Colporteurs envoyés par le Noyau, le régime en place, distribuent du travail à tous ceux qui traversent la rue, et ce quel que soit le nombre de traversages quotidiens. Et peu importe si les Réfractaires refusent d'adhérer au dogme nouveau, la faim les conduira tôt ou tard dans les rouages du système imposé par le Noyau… et ils finiront, eux aussi, par se résoudre à traverser la rue.

Au commencement
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"Nous tournons tous en rond, seule la circonférence du cercle change" (Gart Jeffries)

"Le jour de la grande distribution. Le Code du Traversage dernière génération. L'attraction de la semaine" (M. Chenin)

"Ma curiosité pour l’autre côté s’était enfin révélée ; où diable ces réfractaires pouvaient-ils bien aller !?" (Charlotte)

"Vous prenez racine sur ce trottoir ?" (M. Carriaud)

"J'avais perdu la poule aux œufs d'or, et pour ne pas perdre la face, je m'étais mis à écrire moi-même de folles âneries et à les représenter moi-même devant mes maîtres" (Guillaume Gamelin)

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